V pizdou ! {Monde Fou} / [Pv Yosu-Chan]

Ah, qu’elle calme … Ici, tout était sombre et froid. Depuis combien de temps se trouvait-elle ici ? Des minutes, des heures, des jours ? Peut-être même plus. Son esprit malade avait aussi besoin de se reposer, comme tout … Être humain « normal ». Mais dans ce monde là, elle revoyait en boucle les heures qui avait suivit son arrivé ici … Encore et encore …

[Quelques jours avant, poste de police]

« Donc tu es … Annushka Ishii, n’est-ce pas ?
-…
Bon. Répète moi ce qui s’est passé ces dernières années.
-… Non.
Pourquoi non ?
-Parce que ça fait trop de bruit. Je suis fatiguée, laissez-moi tranquille.
Je te rappelle que tu es une meurtrière et, qu’en plus, tu portais plusieurs armes à feu illégalement sur toi! Tu n’as pas de port d’armes, ni de …
-Vous êtes aussi fous que les autres. Ils dorment maintenant, et vous allez les réveiller … Je veux dormir aussi, sinon Nii-san se mettrait en colère contre moi … »

Elle se roula en boule sur sa chaise, restant silencieuse encore quelques heures durant. Rien, rien d’autre ne sortit de sa bouche pendant ce laps de temps. Son esprit malade lui faisait mal, elle souffrait, mais elle le ressentait comme de la joie; elle n’arrivait pas à discerner ces deux émotions.

[Fin du Flash back]

Ah, une secousse … Son monde serait-il en train de s’effondrer, s’effriter ? Allait-elle disparaître, comme son frère ? Allait-elle mourir … Non, il ne le fallait pas, elle ne veut pas mourir. Elle sentit des larmes couler le long de ses joues, humidifiant encore plus son visage qui l’était déjà à cause de l’humidité de son monde. Une odeur rouillé, comme du fer, flottait dans l’air … Du sang. Ah, mais cette pièce … C’était celle du manoir. Elle était là, assise au milieu, dans le noir, au milieu du sang qui chatouillait ses chevilles nues. Sa longue robe noir suivait les remous du sang, semblable à la marée qui monte inexorablement vers elle. Ses genoux se retrouvèrent aussi prit dedans et le sang s’arrêta au niveau de sa taille. Elle restait assise, fixant le vide d’un œil, de l’autre observant sa main qui se laissait porter par le sang, rouge vif. L’odeur était très forte, mais elle aimait ça, elle se sentait si bien ici dans cet endroit qu’elle connaissait, qui lui était familier. Elle se laissa tomber en arrière, ses longs cheveux lâchées rencontrèrent le sang, et sa chevelure blanche se colora d’un rouge vif, aussi attirant qu’angoissant. Puis, sa tête suivit le mouvement, ainsi que son corps, pour se retrouver complètement allongée dans cette mare de sang. Seuls sa bouche, son nez et ses yeux étaient émergés. Elle ferma les yeux lentement, prenant une grande inspiration, puis elle revînt au noir total. Puis, une succession d’images défila d’un coup; de ses premiers souvenirs d’enfant, au travail de son père, la « délivrance », l’hôpital qui sentait le chloroforme, son frère, les Yakuza … Et puis un gars. Un type, qui avait l’air aussi paumé que sur Terre, mais dans une autre dimension, comme Anna. Il planait, complètement, attendant son tour pour aller voir ces Messieurs qui en demandaient après son corps. Pourtant, Anna n’avait pas ressentit comme un besoin de survivre, de le tuer pour continuer à vivre. Elle avait simplement répondu à ces quelques questions, plutôt étrange et biscornues, mais … Elle avait sentit une sorte de joie, qui l’avait fait beaucoup souffrir. Quand elle y avait repenser, lors de l'interrogatoire, elle avait eut dû mal c'était … Difficile. Elle ne le reverrait sûrement pas, depuis ce temps.
Puis, elle sentit une très grosse secousse, et ses yeux s’ouvrirent comme deux billes.

Une voiture ? Que faisait-elle dans une voiture, de flics en plus ? Elle resta là, allongée, jusqu’à ce qu’elle remarque des menottes autour de ses poignets. Elle ne se souvenait plus des heures qui précédait cette scène … Ce qui la fit bien rire. Son rire, un peu étrange (Pour ne pas dire beaucoup) fit sursauter le flics qui se trouvait à côté d’elle, la surveillant sûrement que d’un œil depuis que « la belle » était endormie. Anna se redressa, assise, ses pieds touchant le seuil de la voiture. Sa longue robe noir, à manche courte cependant, laissait voir de vieilles cicatrices, « triste souvenirs » de son passé … Du travail de son père. C’est ainsi qu’elle le pensait et qu’elle le dirait, car admettre l’inadmettable la rendrait encore plus dingue que ce qu’elle était déjà. Elle regarda par la fenêtre bariolée, et elle vit à une distance qui se raccourcissait de plus en plus une espèce de … Chose. Pensionnat ? Ecole ? Maison ? En tout cas, elle savait que c’était Saido Ori. Elle continua à fixer la fenêtre, murmurant des phrases incompréhensible pour les autres, mais lourdement chargé de sens pour elle. Puis, elle sentit un petit vrombissement, surement à cause de la voiture qui passait sur le gravier, puis elle se stoppa, ce qui fit légèrement glissée Anna vers l’avant. Elle leva ses mains, pour s’étirer, en fixant du regard le jeune flics qui était proche d’elle. Il semblait légèrement … Nerveux. A cause de ce qu’elle paraissait physiquement, ou ce qu’elle était moralement ? Elle émit un petit rire méchant, puis le conducteur lui ouvrit la porte. Elle sauta hors du véhicule, puis tomba sur ses pieds d’une façon légère, seuls les graviers crissèrent sous ses bottines noires. Le conducteur, un flic plus âgé, attrapa la chaîne reliant les menottes, et il se mit à marcher vers Saido en traînant Anna derrière lui. L’autre, le jeune, était chargé de porter ses valises, à côté d’elle. Elle continuait de le fixer, car elle le trouvait … Très étrange. Ha. Il semblait gêné, ressentir de la gêne vis-à-vis d’elle. Elle rit, à nouveau, puis son visage devînt plus dur que le marbre une fois arrivés devant la porte.
A l’intérieur, c’était beau, spacieux, mais la poussière apportait aussi un côté vieillot au Hall. Le jeune posa la valise à ses pieds, le vieux enleva ses menottes, puis il inclina la tête comme pour lui souhaiter « Bon courage ». Puis, le jeune la regarda et il dit d’une voix très éteinte

« J’espère que vous allez réfléchir à ce que vous avez fait …
-вшивый. [Minable]
Qu’Est-ce que t’a dis ?
-выблядок. [Bâtard]
Sale russkof. »

Il s’éloigna, les yeux remplit d’incompréhension et de haine. Puis, Anna se mit à croupit, sa robe bien calé sous ses fesses, fixant le long couloir devant elle. Quelques secondes lui suffirent pour sentir une présence … Et à son « étonnement », une présence déjà rencontrée. Une odeur familière, un homme … Et quand elle le vit, soudain, devant elle, son flash réapparu dans sa tête.
Le garçon de l'entrepôt.

On fait tous des choix dans la vie qui nous amène à ce que nous devenons aujourd’hui. Nous agissons et nous assumons nos actes car comme dit le proverbe « Qui sème le vent, récolte la tempête ». Le destin n’entre pas en jeu, ce n'est qu'un simple prétexte, on lui mets nos fautes sur le dos afin de soulager notre conscience. Seulement, quand il nous arrive de faire un choix, parfois on sème sans savoir qu’on se prendra la tempête en pleine face. L’insouciance de la jeunesse, de Yosuke à cette époque.

Il savait ce qu’il faisait mais ne songeait pas à « ça », à cette « avenir ». A quinze ans, vous lui auriez dit ce qu’il se passerait…où il serait à ses dix-sept ans.. Et bien, il vous aurait ri au nez je pense. Il vivait très bien comme ça, sans que les flics ne se mêlent de ses activités. Malheureusement, au lieu de choisir un job plus convenable, Yosuke avait préféré un métier non autorisé par la loi et surtout pour son âge.
Il n’avait d’abord pas réalisé, assis sur sa chaise au commissariat. En plein trip, il fut incapable de répondre aux questions qu’on lui posait sans une once d’incompréhension dans ce qu’il disait. Il parlait de tout et de rien, posait des questions stupides. Si ses souvenirs étaient bons, Rei et lui s’étaient même donnés en spectacle.
Quand la sentence est tombée, on le conduisit ici, à « Saido Ori ». Sa nouvelle maison pour quelques années. Sa vie avait pris un tournant qu’il n’avait jamais… mais alors jamais envisagé. Adolescent, on n'envisage pas vraiment son avenir.

Un an. Un an et quelques jours déjà. Plus de 365 jours, de quoi devenir fou. Yosuke s’était habitué à ses murs, aux pensionnaires, à cette vie. Il s’était créé des amis et des fous rires. Facilement, il s’y était fait, rentrant dans le rang mais pas calmé pour autant. Il séchait, fumait, buvait, se droguait encore. On ne change pas les bonnes habitudes... C’était trop difficile d’arrêter. Le seul point qui aura changé, c’est la prostitution. Il lui est arrivé de recommencer une ou deux fois depuis son arrivée afin de se procurer sa poudre magique… Mais une fois ou deux, c’était une diminution considérable. Au fond, ce pensionnat n’était pas si mal. Si on en oublie la direction bien sûr. Cette Serpillière blonde l’harcelait presque et un jour, il finirait par violer Yosuke sur son bureau. Si si. Et ça fait peur. Pitié que ça n'arrive pas... Ou alors Rei le pousserait du toit ? Tiens, une bonne idée à lui soumettre. Quoi que ça serait bête d’augmenter la durée de leur séjour ici, non ?

Rei… En parlant d'elle... où elle est ? Laisser Yosu trainer tout seul, t’as pas honte ? Pas à pas, Un pied après l’autre, lentement mais sûrement, Yosuke tournait dans le pensionnat en quête d’une distraction quelconque. A croire qu’ils s’étaient tous passés le mot pour ne pas le croiser aujourd'hui. Spèce de -censuré- ! Rei, Haya, Miku, Sainte Marie… Et même Masamune et Kintaro lui manquaient… un peu… En quelque sorte… En faite… Non. Eux, ils peuvent crever, sauter du toit, se suicider à la petite cuillière, se faire bouffer par des extraterrestres que Su-chan n’en n’aurait strictement rien à battre.
Long soupire. Ennui. Solitude. Enfer.
Il croisait des personnes à qui il n’avait jamais porté attention jusqu'à lors mais tous trop occupés et inintéressants pour que Yosu les interpelle. Non pas qu'il avait une haute estime de soi, ne ! Juste...Pas eux, c'est tout. Pas de feeling, tu vois? Non? Pas grave! ... A mois que la majorité des pensionnaires venaient d’arriver aujourd’hui. C’est possible, si si. En car. En avion ? En métro ! Mah le fait est que… que rien. Il préférait continuer son chemin, trainant des pieds. Après autant de jours ici, on pourrait croire que le jeune Takeda connaitrait Saido Ori du bout des doigts ! Eh ben nop. Chaque couloir était nouveau pour lui, comme ci il n’y avait jamais mis les pieds, comme au premier jour... Il se paumait souvent et les professeurs ne le croyaient plus quand il arrivait en retard. « Après un an, t’essaie encore de nous faire gober ça ? Va t’asseoir Yosuke. » Comment voulez-vous qu’il apprécie des personnes comme ça ? D’accord c’était dur à imaginer mais… Mais ! Et puis d’abord, ils n’ont qu’à créer des plans. Avec le petit point rouge "vous êtes ici". Aha je suis sûre qu'il arriverait encore à se perdre, ce crétin.

Couloirs, salon, salle de permanence, Bureau de directeur. Glups. On accélère le pas pour ne pas croiser l’autre chose et pour se retrouver dans le hall d’entrée. Son regard balaya l’endroit, passant à un autre quand… Retour en arrière. Son pied, près à se poser sur le sol, cessa tout mouvement. Au lieu de poursuivre son geste après coup, il recula, analysant ce qu’il y avait devant ses yeux. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Ses petons finirent par bouger, s’approchant de ce qu’il l’intriguait tant.

Une fille intriguait Su-chan. Mais sans savoir pourquoi, il savait qu’elle n’était pas une fille « banal ». Sa simple posture le témoignait. Recroquevillée sur elle-même au beau milieu du hall… Pourtant, elle ne lui parraissait pas effrayée. C’est peu commun. Sa chevelure, aussi était étrange, blanche comme la neige. La curiosité est un vilain défaut mais un défaut de Yosu quand même. Il s’avança lentement et, arrivé à sa proximité, elle le remarqua. Ses yeux bicolores rencontrèrent le bleu cristallin. Etonné par ce brusque contact visuel, le trouble passa rapidement sur son visage avant de reprendre cet air chaleureux quoi qu’un peu idiot. ( je traite moi-même mon perso d'idiot...tsss) Et en une flexion de jambe, il se retrouva en face d’elle et à sa hauteur.

… Yo ! T’es perdue ? Moi aussi ! C’est quoi ton nom ?

Pourquoi se perdre dans un monologue ? Court, bref, franc, vif, énergique et avec le sourire en plus. Yosuke ne fera jamais dans la présentation banal et pompeuse, il laisse ça aux British. Il n’avait jamais eu peur d’aborder quelqu’un car il ne faut pas se fier aux apparences. Sans lui parler, il ne pourrait jamais savoir… Yosu a besoin de connaissances, de monde, d’amitiés, de gens avec qui discuter et rire. Il ne vivrait pas sans ça, il s’ennuierait, comme aujourd’hui.
Foncer sans crainte et sans trop de réflexion, telle est la façon d’agir de Yosuke.

C’était vraiment lui, le garçon. Celui de l’usine, celui qui était là, avec une jeune fille qui était encore plus droguée que lui. Elle ne s’y était pas intéressée; même lui, au début, il ne l’intéressait pas. Mais ses yeux, ses yeux étaient bizarres … Ils reflétaient quelque chose d’étrange. Ce n’était même pas la couleur qui l’avait frappée en premier, c’était l’éclat. Un éclat mort, mais encore présent. La drogue ? Peut être. Le fait qu’il se prostituait ? Sûrement. Dans cette usine sombre, elle avait eut l’impression d’être dans son manoir, au début. Elle était rentrée là, pensant trouver ses « agresseurs », mais elle était tombée sur eux. Ce garçon et la fille. Le spectacle qu’elle avait vu avait été des moins … singulier. Ça sentait comme chez elle, la drogue, la cocaïne, c’était bizarre. Mais Anna, dans son esprit tordu, ne voyait que des fous. Mais pas dangereux; les laisser vivre ne l’aurait pas tué, c’était que pour cette raison que ce garçon là était encore en vie aujourd’hui. Elle avait discuté avec lui, lui tellement loin qu’elle avait eux l’impression pendant une fraction de seconde qu’il était entré dans son monde, mais non, lui aussi était d’un autre univers. Sa discussion avait été … Étrange, mais elle avait ressentit comme du plaisir d’être là … Ou était-ce de la tristesse ? Elle ne sait plus. Puis, un homme était venu … Venu « prendre » ce garçon. Anna ne voulait pas, elle ne voulait pas voir ça … Comme si elle allait rentrer dans ce monde. Comme de la peur … Elle ne voulait pas faire de mal, elle ne voulait pas sentir ce besoin de survie. De tuer pour ne pas l’être à son tour. Mais ce jour là, elle avait ressentit et vécu autre chose que son monde qui ressemblait tant à cette chambre humide et sombre où elle était …
Et maintenant, il était là, devant elle. Il se rapprochait, comme si quelque chose chez Anna l’intriguait … Mais il ne semblait pas se souvenir d’elle, elle le voyait à travers ses yeux; des yeux dans lequel l’éclat d’autre fois semblait plus clair, comme si il ne se cachait plus, ou presque plus … La route est encore longue, ça se voyait aussi à travers ses yeux bicolores. Ce n’était pas cette couleur si particulière qui avait poussé Anna à l’observer droit dans les yeux mais l’éclat, uniquement l’éclat. Elle ne pouvait pas faire attention à ces détails qui, pour quelqu’un d’autre, seraient étonnants, elle qui était déjà tellement … Ailleurs, différente, étrange. Ses longs cheveux blanc frottaient le sol au moindre de ses mouvements. Elle leva doucement la tête vers lui, car elle sentait que quelque chose allait sortir de ses lèvres.

« Yo ! T’es perdue ? Moi aussi ! C’est quoi ton nom ? »

Il se trouvait maintenant juste en face d’elle, aussi accroupis. Il ne la reconnaissait vraiment pas. Ce qui est normal, deux ans les sépare maintenant. Elle commença à amorcer un geste pour se redresser mais sa main resta clouée au sol, portant tout son faible poids, poids d’une feuille morte. Ses yeux étaient profondément liés à ceux du garçon, et son visage était de marbre, sans un sourire. Son nom. C’était vrai que jusqu’à aujourd’hui et même maintenant, elle ne connait pas le nom du garçon devant elle. Puis, doucement, elle se pencha vers lui, rapprochant sa tête de la sienne, puis de son cou. Elle se penchait en restant accroupie, ce qui la faisait descendre graduellement de sa tête jusqu’au torse du garçon. Puis, elle le poussa légèrement, pour lui faire quitter sa position accroupie pour une position assise et les jambes allongés devant soi. La tête d’Anna était devant son visage, et elle se retrouvait maintenant ... A quatre pattes. Position peu singulière. Puis, des mèches de cheveux tombaient sur ses épaules basses, et une voix très faible, comme un murmure aiguë sortit de sa gorge, ses lèvres douce et rouge qui s’animaient soudainement.

« Minia zavout Annashuka, a ty ? »

Puis, elle s’approcha encore plus, son nez collait maintenant celui du jeune garçon. Elle gardait cependant une certaine distance de survie …

« Tu ne te … rappelles pas … de moi ? N’est-ce pas ? »

Cette fille… est étrange. Que ce soit physiquement que mentalement. Yosuke n’avait pas pu résister… Il avait instinctivement reposé son regard sur elle. Toutes ses pensées s’étaient envolées à ce moment là, préférant détailler cette dernière. Ces cheveux … Une albinos ? Peu courant ce genre de chose… Embrouille génétique ? Possible, suffit de relooker Yosu et ses n’oeils bicolores. Quoi que ce pouvait être des lentilles. Personne ne le sait sauf le concerné. Eheh. Et que ceux qui ont en tête de lui mettre un doigt sur son iris pour vérifier ôtent directement cette idée de leur esprit mal tourné, Non mais ! Bref… Ce pouvait être une perruque… Quoique drôlement bien faite, non ?
Passé outre ce détail, son corps semblait menu et sa posture la rendait… Fragile, c’est le mot qu’il cherchait. Cette fille paraissait fragile et dans son monde. Il ne peut l’expliquer mieux.

Lorsqu’il croisa son regard… Il eut une légère impression de déjà vu mais dont il ne prêta pas grande attention… Il avait vu des gens dans sa vie, beaucoup de gens. Peut-être l’avait-il croisée un jour… Ou peut-être pas, ça arrive parfois de se trouver face à une situation que vous pensiez déjà avoir vécu. Non, franchement, il ne s’en préoccupa. Pour l’instant, il guettait les réactions de la fillette. Si Yosuke était tout sourire face à elle… Et bien elle restait sans expression, gardant un visage de marbre ne laissant passer aucune émotion. Le silence s’installa sans pour autant que l’ambiance soit pesante. Non, loin de là, Yosuke avait plutôt la drôle d’impression que le temps s’était arrêté, sans leur demander la permission. Mais cette impression s’évapora, tout semblant se remettre en route. Elle, qui n’avait pas bougé jusqu’à maintenant, commençait à se pencher doucement mais néanmoins dangereusement vers lui, encore ( pour le moment ) accroupis. Sa tête suivait l’ascension, proche de son torse à présent. Su-chan ne souriait plus, perturbé par se changement de situation. Les lèvres légèrement entrouvertes, les sourcils froncés, il se laissait faire comme il se laissa tomber sous sa légère pression. La chute ne fut pas haute ni douloureuse (ahah logique).
Fesses au sol, ils étaient à même hauteur, à nouveau. Elle avait également changé de position, à quatre pattes sur un Yosuke assis, une main un peu en arrière pour prendre appui tandis que l’autre reposait sur une de ses deux jambes à demies étendues. Les cheveux blancs de la propriétaire retombait gracieusement sur ses épaules, venant jusqu’à chatouiller l’avant bras de l’héritier Takeda. Un frisson le parcourut. Le pire/mieux dans tout ça… C’est que jamais il ne l’avait quitté du regard.

Minia zavout Annashuka, a ty ?

… Il cligna plusieurs fois des yeux. Elle avait ouvert la bouche, elle avait parlé. Lui qui pensait ne jamais obtenir de réponse. Ce serait tellement plus merveilleux s’il avait pu comprendre. Quelle était cette drôle de langue ? De l’extraterrestre bien sûr ! Comment ça « Yosuke no Baka » ? Baka toi-même !
Analyse rapide : il supposait que ce soit son prénom… Mais lequel de ces trois mots ? … Il espérait pour elle qu’elle ne s’appelle pas Zavout ! Si c’est bien ce qu’elle avait prononcé.

Interrompant ses pensées, ne lui laissant pas le temps de répondre, son visage s’était rapproché du sien, leur nez se frôlant, le laissant sentir son petit souffle chaud.
… Un faible rire envahit le hall d’entré… Oui, Su-chan trouvait vraiment cette situation amusante, pas vous ? Ses lèvres s’étirèrent pour la seconde fois en un large sourire.

Tu ne te … rappelles pas … de moi ? N’est-ce pas ?

… Huhuh… T’es pas ordinaire comme fille, An… Heu… C’était quoi encore ? Ann… Nu…Nasha… C’est donc sans certitude qu’il poursuivit. Anna-chan ! … etoo …

Elle prétendait le connaître… Alors il avait visé juste ? Une nouvelle énigme : Qui était-elle ? Raaah ! Cervelle de poisson rouge ! Il n’en sait strictement rien ! Ce n’était certainement pas une de ses clientes, pas le genre. Une ancienne camarade de classe ? Il devait lui répondre, elle attendait…

Si si. … …. En faites…. Non. Non, désolé…

Il secoua la tête, navré.

Je m’en doutais.

Il savait qu’il l’avait peinée, rien qu’à l’observer, il avait réussi à le remarquer. Mais il ne savait pas à quel point. Il lisait dans ses yeux… De la tristesse ? Du regret. Mais c’est comme ça, il n’avait jamais demandé à avoir cette cervelle qui, telle une passoire, laissait échapper des souvenirs importants. Du moins, importants sur le moment. « Tant pis » se dira-t-il en bon je-m’en-foutiste qui s’assume, ça lui reviendra peut-être un jour. Mais il aurait du se souvenir de ce visage… Ce visage qui le fixait intensément, analysant la moindre particule qui constituait Yosuke. Cependant, qu’est-ce qui prouvait à Su qu’elle disait la vérité ? Anna pouvait très bien avoir inventé tout ça… Naan pas possible, il en est certain et c’est un pro au mensonge qui le pense. Pourquoi ? Se rapprocher de lui ? La belle affaire, ça lui apporterait quoi ? Strictement rien.

Puis elle se rapprocha. Encore, l’espace se réduisant entre eux. Ses longs cheveux glissaient contre sa joue semblable à une caresse tandis que son menton vint se poser sur son épaule, ses lèvres proches de son oreille, sa poitrine contre son torse… Si cette même situation s’était déroulée des années au par avant, Yosuke aurait rougit, embarrassé de cette proximité… Pourtant, cela ne lui faisait ni chaud ni froid, habitué… Son métier lui avait fait changer la vision de la chose, du mot pudique, d’un corps nu. Puis, comme il s’y attendait, un murmure à peine audible lui parvient aux oreilles, chatouillant ses tympans.

Rappelle-toi qu’on ne peut que tuer ou être tuer, mon petit…

Cette phrase… eu l’effet d’un flash. Des images lui revenaient en tête ainsi que des brides de conversation. Il venait de faire un bond de deux ans en arrière et ce, en deux secondes ( qui a dit qu’on ne pouvait pas voyager dans le temps ? * sort * ). Il se rappelait enfin, devant l’usine… Il n’avait pas des idées claires ce jour là, la drogue y étant pour quelque chose. Il attendait sur le trottoir, la fin de sa « cigarette » à la main quand il l’a vie, elle pourchassait des pauvres personnes ( dit-il sans savoir qu’ils avaient tentés de la violer… oui oui charmantes personnes ) … Leur regard s’était croisé et elle s’était arrêtée, il suppose par reflexe. Sans hésitation, il s’était approché pour lui parler… De quoi ? Il ne s’en rappelait plus exactement mais il était certain d’une chose, il avait avoué être en pleine conversation avec ses chaussures quand elle est arrivée. Que voulez-vous, au milieu de son trip, il y croyait dur comme fer. Il riait parfois intérieurement de ses propres délires quand il s’en remémorait… Comme la fois où un paquet de chips le poursuivait. Ahlala, que de bon souvenir. Bien que tout fût encore confus dans son esprit… ses yeux s’étaient agrandis de surprise alors qu’elle s’écartait pour une position plus confortable, à genoux à même le sol, droite comme un i. Ceci eut l’effet de le ramener dans le présent, dans le hall de Saido Ori.

Je m’appelle Annushka Ishii. Et toi, comment t’appelles-tu ? Je désire le savoir depuis deux longues années … Tu ne dois pas faire partit de ces monstres.

Aaaah Mais ! T-Tu es la psych-… … La jolie petite gamine ! Tu poursuivais des hommes …

Quel idiot ! Plus crétin tu meurts, il se giflait mentalement de cette gaffe. Il espérait tout de même qu’elle n’y prête pas attention… Enfin, après le « choc », il réalisa ce qu’elle venait de prononcer. « Annushka Ishii », c’était donc ça son nom. Eh, il avait vu juste dans ce cas ! C’est vrai que lui ne s’était pas encore présenté… Espèce de malpoli ! Mais de là à attendre deux ans pour lui poser la question… Etrange.

Maah t’aurais du le demander ce jour là, Anna-chan… Je m’appelle Bertrand !

… Gamin. Il n’avait pas su résisté à la tentation, balançant le premier nom qui lui venait à l'esprit. Semblant sincère, il cassa lui-même son jeu au bout de quelques secondes, se trahissant par son sourire rayonnant. Il pensait lui arracher un sourire mais il se l’avoua, c’était puéril… Débile…

Eheh… Bon okay c’est pas vrai et c’est pas drôle … Mon vrai nom c’est Yosuke… Yosuke Takeda. Heureux d’te revoir Anna-chan !

Et pas drôle, ouaip. C’était quand même une drôle de coïncidence de se retrouver ici, dans ce pensionnat. Et Anna devait avoir fait quelque chose de "mal"... Un meurtre? Et la fin de sa phrase attisa sa curiosité. Des monstres. De qui parlait-elle ?

"Ces monstres" … ? Anna… Des gens t’ont fait du mal ?

« Jolie ». Yosuke, lui, s’était attardé sur les mots précédents, sans penser une seconde qu’elle ne retiendra qu’uniquement ça de sa phrase. Disons qu’elle n’avait pris que le meilleur. Ce mot lui était venu naturellement mais il le pensait, sincèrement. Anna dégageait quelque chose qui l’avait envouté directement. Elle ne ressemblait pas aux autres pensionnaires qu’il avait eu l’occasion de rencontrer. Mais à son contraire, il ne s’était pas attardé sur ce mot. Peut-être disait-il les choses trop naturellement justement. Anna semblait apprécié ce compliment, elle n’avait pas du entendre ce genre d’expressions dans le passé. Ou peu couramment. Son regard s’adoucit.

« … Bertrand ? C’est vrai ? »

A la simple intonation de sa voix, il avait compris que c’était raté, pas un sourire ne fleurit sur son minois. Il faudrait qu’il trouve quelque chose de plus marrant. Facile à dire, moins à trouver. Il n’avait qu’à s’inspirer de son père, faisant le clown pour les enfants ! … Pas sûr qu’il ait envie qu’elle lui jette des tartes à la crème en pleine face. Mauvaise idée, on ne va pas prendre exemple sur le paternel. Peut-être en se droguant, ça marcherait. Après tout, c’est dans cet état là qu’elle avait apprécié lui parler. Oui, sinon, elle l’aurait ignoré…. Son visage s’était assombri, sans vraiment s’en rendre compte. Ca lui faisait un peu mal de se dire qu’on pouvait le préféré drogué. Comme-ci il s’agissait d’une autre personne qu’il enviait, jaloux alors qu’en réalité, il n’y avait qu’une seule personne…. Lui.

« Je ne sais pas si c’était drôle ou pas… je n’ai pas très bien saisis. »

Qu’est-ce qu’il disait, hn ? Bon en même temps, il aurait pu faire mieux quand même. Idiot. Il cligna des yeux, les gardant un peu plus longtemps fermé, ses lèvres s’étirant nouveau, un fin sourire. Un Yosuke sans sourire n’est pas un Yosuke. Il commençait à déprimer là, ça ne va pas du tout. Depuis quand ça le touchait autant ? Su est un insouciant, il n’est donc pas logique qu’il s’inquiète maintenant de ça. Il secoua vaguement la tête, comme pour chasser ses idées.

Maah oublie An-chan ! C’est pas important.

Devant ses yeux, le visage d’Annushka s’illumina. C’était troublant… Son premier sourire à Saido, qui lui était adressé qui plus est. Son attitude avait changé, sa posture également. Il la préférait comme ça, rayonnante. Ouverte. Puis, elle se rapprocha comme elle l’avait déjà fait au par avant. Sa façon de se mouvoir était étrange, on ne pouvait pas le nier. Mais c’était adorable à la fois. Yosuke ne la croirait pas si elle lui avouait avoir le même âge… Anna lui rappelait une enfant.
Tout d’abord, il ne comprit pas pourquoi ce changement soudain. Il du attendre qu’elle ouvre la bouche pour lui expliquer.

« Yosuke… C’est un prénom vraiment très joli. Moi aussi… Je suis ravie de te revoir, Yosu-chan »

Ehehe… Sa sincérité le touchait. En guise de remerciement, il lui sourit. Mais tout ça ne fut que de courte durée. Su était trop curieux par moment et cet excès de curiosité retransforma Anna. Plus d’expression de joie ne se lisait sur son minois pâle. Il était coupable. Coupable de l’avoir fait replongé dans son passé. Et ce, une deuxième fois apparemment. La drogue causait des dommages sur la concentration, ce n’était pas nouveau. Anna lui narra son histoire et il l’écoutait attentivement. Un passé douloureux, un passé inimaginable. Elle était passée par toutes sortes de tortures… Il comprenait pourquoi elle était si différente, elle n’avait pas eu la vie facile, la pauvre. Yosuke restait droit, ne pipant mot même lorsqu’elle s’arrêta brièvement. Tout le long de ce récit, il apprit alors que les « charmantes » personnes avaient tentées de la violer. Mais au final, Anna pouvait être quelqu’un de terrifiant. Peut-être que dans d’autres circonstances, il serait mort ce soir là… Pourtant, il était encore présent dans ce monde. Elle lui confiait son histoire, leur rencontre, ses pensées…
Quand elle s’arrêta, elle respirait moins facilement, éreintée d’avoir autant parlé. Puis, son front contre le sien, Anna semblait s’effondrer… Il prit le relai.

« Malgré tout… Serais-tu capable de rester près de moi ? »

Raah t’es trop mignonne Anna-chan …Et puis, pour te répondre… Je ne suis pas venu te parler comme à un de mes « clients » puisque généralement, c’est eux qui viennent m’aborder. Je crois que tu m’as intrigué… Mais j’ai un peu difficile à me rappeler quand je suis dans euh… cette état, tu vois ? Et… juste une chose… Anna, je ne juge pas les gens sur leurs crimes. Sinon je serai mal barré ici, ne ! Bien, c’est décidé ! Dorénavant, on est ami !

Joignant ses paroles pleines d’enthousiasmes avec des gestes, il posa une des ses pattes sur ses cheveux. Son sourire s’élargissant, ses yeux se plissant, il s’était décidé, sans lui demander son avis. Qu’elle le veuille ou non, na !

Chacun porte en lui les cicatrices du passé. A son propre passé. Et celles d’Anna devait être profondes, marquant à jamais la gamine pour qui il s’était pris d’affection. La douleur s’apaise avec le temps mais elle ne disparaît jamais complètement, on ne peut cacher ses marques ou même les effacer. Il faut juste apprendre à vivre avec ses blessures, car ce sont elles qui font ce que l’on est. Je crois.

Il avait croisé un jour la route d’Anna et elle faisait à présent partie de sa vie même si au début, il ne s’en était pas souvenu, sa drogue étant la cause. Touché par la petite, par ses confessions, il n’avait pas mis longtemps à la considérer comme son amie, se disant que ça lui ferait du bien d’avoir quelqu’un à qui parler et faire confiance… Auquel s’accrocher quand la vie nous parait difficile. Yosuke a toujours été entouré d’amis car il s’avait que c’était précieux, d’être là dans les pires comme les bons moments.

-Yosu, si tu m’avais abordé comme un de tes clients … Je t’aurais sûrement tué. Cependant … Tu es ici … Avec moi … Si près … Et je ne ressens rien … Aucun besoin de te tuer … Aucune alerte ou sentiments … d’être en danger … »

Les paroles d’Anna pouvaient choquer… Elle parlait tout de même de le tuer et de se sentir en danger. Pourtant, Yosuke n’en parut plus surpris que ça. Il tentait de comprendre l’état d’esprit de la jeune russe, de la comprendre tout simplement et il était touché de son aveu, d’avoir été l’un des rares avec qui elle ne se sentait pas obligé de tuer. Cela pouvait paraître bizarre pour d’autres personnes, certainement que le peu de gens qui passaient par là les prenaient pour des fous… Mais il s’en moquait, supposant que s’était son cas également.

Tu me fais confiance alors Anna-chan ? Je suis content…

Il sourit, soupirant de soulagement. Front collé au sien, il pouvait l’observer de très près, attendri par ses manières peu anodines alors qu’au fond, ils se connaissaient depuis peu. A ne pas confondre, c’était loin de le déranger. D’ailleurs, elle s’écarta, ses yeux bleus plantés dans ses yeux vairons. Il tentait toujours de paraître chaleureux, souriant, rayonnant pour lui prouver qu’il était réellement content, prouver sa sincérité.

« -Je sais ce que c’est … Que d’être drogué. Je sais ce que c’est que de faire des choses, de voir des choses qu’on aurait jamais imaginé sans … Et je ne t’en voudrais pas, car au moins l’un de nous deux partage ce souvenir. »

Anna pouvait le comprendre, ce n’était pas non plus donner à tout le monde. Elle ne lui en voulait pas non plus de faire ça, ce genre de chose, elle ne le jugeait pas comme lui ne la jugeait pas. Elle avait connu ça aussi apparemment, c’est ce qu’il en avait conclu par sa phrase, un peu triste car il se doutait bien que c’était, à l’inverse de lui, sans son accord. Ainsi, deux personnes différentes, complètement opposées, devinrent tout de même ami… Car ses nos différences qui nous caractérisent.

Pour seul réponse, il posa sa main sur ses longs cheveux blancs, un geste affectueux qui pourrait paraître banal. Pas pour Anna. L’affection devait lui manquer mais il ne se doutait pas à quel point. Elle ferma les yeux, rompant le contact visuel, le faisant à nouveau sourire, attendri. Mais il ne s’attendait pas à ça, il n’avait pas voulu… La faire pleurer.

« - O … Oui … Spassiba, Yosu-Chan … B … Bouhouuuu … »

A nouveau, il était... Touché. Ne sachant pas comment réagir, ce genre de situation n’était pas son fort, il hésita, la regardant frotter ses yeux embués de larmes avec ses petites mains. Anna lui rappelait toujours un enfant par sa fragilité. A nouveau, il sourit, sa main sur sa petite tête tout l’attirant vers lui pour qu’elle se blottisse contre son corps et puisse verser ses larmes. Il ferma les yeux en soupirant, passant doucement ses bras autour de son corps menu.

« -Tu … Tu ne leur ressemble pas, Yosu-Chan. C’est sûrement pour ça que je t’ai aimé différemment à l’époque, et aujourd’hui … Encore … C’est différent … C’est … Ouiiin … »

Anna-chan …

Il ne savait pas quoi lui dire… Merci ? Mais elle ne comprendrait pas pourquoi. Alors il préférait attendre, la serrer dans ses bras pour qu’elle s’apaise, que ses larmes se tarissent.